Gringleze et la tarte noire

Ce n'est pas le titre d'un roman d'aventures et de mystères, mais bien une tradition de chez nous et ça c'est beau !

Il est en effet un détail de syntaxe/grammaire qui faisait autrefois  l'objet d'un débat houleux et pourtant discret au sein du village...

Étant question de Gringleze :

Toujours il y revient
Toujours on y revient
Toujours on en revient

La maxime originelle trouve sens dans une série de dispositifs, dont le plus célèbre reste certainement celui de la "tarte noire".

Chaque année, à l'automne, quand Gringleze eut cessé de donner signe de vie depuis les belles saisons ou plusieurs années durant, un villageois tiré au sort prépare une tarte cuite au feu de bois dans un four construit pour l'occasion, dans son propre jardin. Les dépenses liées à la besogne lui reviennent mais chacun peut contribuer à sa guise, en nature ou service. 14 nuits durant les lumières du village sont mises en veille, et l'on allume une bougie à proximité immédiate de la tarte. Celle-ci aura été volontairement noircie par une cuisson excessive, de sorte que le fruit eusse été carbonisé. Nul n'explique à ce jour l'origine de la coutume. Dans les 14 jours, la tarte doit avoir été partiellement mangée (aucun villageois ne peut s'en approcher, sous peine de "triste allure"). Souvent, quand "messe est faite", seul un morceau vient à manquer. On dit alors que "Gringleze est passé", et que la saison comme l'année sera bonne. Si passés ces 14 jours la tarte est indemne, les villageois redoutent une saison noire.

Chaque an, on se rassure en se disant "toujours il y revient". Mais la locution passée dans le langage courant dut subir des transformations, jusqu'à perdre son sens premier. Ainsi en va-t-il de la réputation de Gringleze...

Cette année la tarte noire fut bien goûtée dans la nuit noire donc oufff on est tranquille pour un an !

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